La singularité des laques de Coromandel est leur décor gravé en « champlevé », résultat d’une combinaison de travail : le support bois, enduit d’une épaisse couche d’apprêt, est recouvert de laque brun noire. Le décor est ensuite gravé dans la masse. Les surfaces dégagées sont peintes à l’aide de couleurs à la détrempe qui, à l’origine, étaient très vives et ont pris avec le temps des tonalités douces, voire grisées, en accord avec nos goûts actuels.
Vers le milieu du XVIIIème les compagnies de transport qui accostaient sur la partie de la côte orientale de l’Inde dite de Coromandel, rapportent par bateaux, des coffres et des paravents de grandes tailles. Séduits par la beauté de leur décor et pour les adapter au goût et à la mode de l’époque, les ébénistes parisiens utilisent les panneaux pour les intégrer aux châssis de leurs propres créations. Les paravents, décorés sur les deux faces permettent la découpe du panneau dans son épaisseur. Ainsi, les deux faces décorées sont utilisables pour la décoration de meubles, commodes, boiseries, cabinets...
Nous sommes amenées à restaurer ces laques qui, souvent, présentent des fentes ou des craquelures directionnelles au niveau de l’assemblage des planches qui les constituent. La laque et l’enduit ont pu être fragilisés par des différences d’hygrométrie ou par leur usage. Il peut convenir d’effectuer un travail de restauration comportant un décrassage, un fixage très soigneux de la laque partiellement soulevée en écailles, un masticage des parties manquantes avec réintégration des lacunes du fond ou du décor.